« No Money » Pénurie des devises en Afrique centrale

Depuis quelques mois, la zone CEMAC souffre d’une pénurie d’accès aux monnaies étrangères. Il est difficile, voir impossible d’avoir accès à certains biens venant de l’extérieur ceci dû à l’absence des devises qui sont de plus en plus rares. Les chantiers sont aux arrêts pour cause de non paiement des fournisseurs à l’étranger. Conséquence, l’activité économique est au ralentie. Notons que les devises s’obtiennent de plusieurs manières : à travers les exportations de matières premières, les services rendus à l’extérieur, les transferts d’argent provenant des nationaux vivant à l’étranger et les dons octroyés par certains Etats. Nous présentons tout d’abord l’origine de la pénurie des devises en Afrique centrale. Par la suite, nous présenterons les différents moyens par lesquelles un pays entre en possession des devises et les conséquences que cette pénurie peut avoir sur l’économie d’un pays.

En effet, c’est le 22 novembre 1972 à Brazzaville au Congo que les Etats membres de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale) signent avec la France une convention de coopération monétaire. D’après cette convention, la France s’engage à convertir dans sa monnaie tous les FCFA émis par la BEAC ; en échange, les Etats membres de la BEAC doivent déposer auprès du trésor français tout ou totalité de leur réserve de change. Les Etats membres doivent donc déposer leurs réserves de change obtenues à l’occasion de l’exportation de leurs produits sur un compte dit compte d’opération ouvert auprès du trésor français ; en échange, la France s’engage à convertir les FCFA émis par la BEAC dans sa monnaie. Au fil des années, les réserves déposées au trésor français ne suffisent plus. Notons que dans les années 70, les pays de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) importent très peu ce qui fait que les réserves de change sont très importantes. Avec la modification des structures économiques, les réserves de change deviennent inférieures aux nécessités d’importation. Cela a pour conséquence la dévaluation de 1994. Depuis ces temps, les réserves des Etats de la BEAC ne sont plus suffisantes pour supporter leurs importations. Le phénomène s’est accentué avec la chute des cours du pétrole. Les économies se sont diversifiées mais cette chute des cours du pétrole a été plus difficile pour certains pays. Ainsi la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Congo Brazzaville, dont les économies sont moins diversifiées que celle du Cameroun par exemple. Au moment où nos États ont signé la convention de coopération monétaire avec la France, l’on devait comprendre qu’avec le temps, nos économies ne pourraient plus assurer l’équilibre de leur balance de paiement si elles devaient compter essentiellement sur l’exportation des matières premières. Il fallait passer à l’industrialisation et c’est ce qui n’a pas été fait, raison pour laquelle la pénurie en devises frappe de plein fouet l’économie de la zone CEMAC.

Comment remédier à une pénurie des devises et rentrer en possession des devises étrangères ?

  • L’exportation des matières premières
  • Les services rendus à l’extérieur
  • Les transferts d’argent provenant des nationaux vivant à l’étranger
  • Les dons octroyés par certains Etats.

S’agissant de l’exportation des matières premières

L’Afrique subsaharienne est la région du monde en développement qui dépend le plus des exportations de matières premières. Elle subit ainsi l’instabilité des prix mondiaux de ces matières premières. L’absence de diversification de l’économie des pays de la zone joue en sa défaveur. Il a fallu, un temps soit peu, qu’il y ait la chute du baril de pétrole pour que toute l’économie soit en difficultée. Etant donné que l’exportation des biens est la première porte d’entrée des devises dans la zone. Comment pouvons-nous régler ce problème de pénurie des devises si on dépend en grande partie de l’exportation du pétrole dont les cours sont décidés à l’étranger ?

S’agissant des services rendus

Il s’agit ici du versement des honoraires, commissions, ou tout autre somme versée à une personne résidant en Afrique et ayant effectué un service pour celui qui vit à l’étranger.

S’agissant des transferts de fonds

Les transferts de fonds vers les pays africains sont en augmentation depuis quelques années. Il se pose un problème qui est celui de savoir si ces fonds contribuent au développement de l’Afrique. Une étude faite auprès des familles des migrants au Sénégal a permis de montrer que les fonds envoyés étaient soit pour investir dans le village en vue d’un retour prochain au pays, soit pour rembourser l’investissement effectué par la famille pour financer les frais liés à l’émigration. Les transferts de fonds ne peuvent donc pas à eux seuls résoudre le problème de la pénurie des devises.

S’agissant des dons octroyés par certains Etats

Il s’agit ici des différentes aides que reçoivent les pays africains notamment dans les domaines de la santé, l’éducation, la sécurité, l’aide aux réfugiés, aux catastrophes naturelles, aux inondations, etc.

Conséquences de la pénurie des devises sur l’économie d’un pays.

Les pays de la zone CEMAC ayant pour la plupart une balance commerciale déficitaire, c’est-à-dire que ce qu’ils importent est supérieur à ce qu’ils exportent, nous voyons bien que ces pays auront du mal à importer puisque pour importer il faut de la devise et elle ne s’obtient qu’en vendant à l’extérieur un bien ou un service. La conséquence la plus probable est donc la baisse des importations. Bien que cela engendre un problème puisque ces pays dépendent extrêmement des importations. Deux esquisses de solutions s’offrent donc à ces pays .

La première, sur le court terme, est une dévaluation du FCFA. D’une part, les exportations rapporteront davantage de devises. De l’autre, les biens importés coûteront plus cher, freinant ainsi les importations.
Ceci conduit à la deuxième alternative, qui est une solution sur le long terme : la mise en place d’une politique qui encouragera la production locale, au détriment de l’import. Il y aura plus d’exportation, et ainsi, plus d’entrées de devises.

Selon une source bien introduite au GICAM (Groupement Inter-patronal du Cameroun), il est possible qu’une dévaluation du FCFA soit en vue d’ici quelques mois.

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